Il n’échappe à personne que les « Entrepreneurs » jouissent auprès de l’opinion publique d’une côte de popularité bien supérieure à celle des  « Patrons » qu’ils soient petits ou grands.

En effet, l’opinion publique dans son ensemble parait d’accord pour reconnaître aux premiers de véritables qualités quand elle semble ne voir que des défauts aux seconds.

Les plus « petits » sont souvent soupçonnés de ménager leurs petits intérêts et les plus « grands » toujours accusés du plus grand mépris pour l’intérêt général.

Sauf à considérer qu’il s’agisse d’une simple mode qui rendrait le mot « Entrepreneur » plus branché que celui de « Patron », il est intéressant  de nous interroger sur le fondement d’une telle différence de perception qui poussée à l’extrême laisse entendre que les uns  profiteraient au système quand les autres profiteraient du système …

Car si tous les Entrepreneurs sont bien des Patrons, tous les Patrons ne sont pas des Entrepreneurs.

Voici quelques signes distinctifs.

Etre entrepreneur c’est être impliqué plutôt que concerné. L’entrepreneur est entièrement impliqué dans son entreprise et dans sa vie d’entrepreneur. Pour mesurer son implication on estime qu’il doit y investir la majeure partie de son temps, de son énergie ainsi qu’une part substantielle de son patrimoine. C’est de cette implication que l’entrepreneur tire toute son énergie.

Etre entrepreneur c’est avoir le pouvoir d’agir et non pas agir pour le pouvoir. L’entrepreneur doit avoir le pouvoir d’agir en détenant  la majorité de son capital ou les délégations nécessaires. Sans ce préalable,  il risque de passer plus de temps à  agir pour obtenir le pouvoir  qu’à agir pour le projet qu’il porte.

Etre entrepreneur c’est se situer au Centre de son organisation plutôt qu’à sa tête. Un entrepreneur se situe au centre de son organisation. Il est le rouage principal qui entraîne tous les autres qui eux-mêmes démultiplient son énergie. Il est le porteur du projet, l’animateur de l’équipe, le cœur qui bat. En haut d’un organigramme, l’entrepreneur ne peut plus jouer ce rôle d’entrainement et se contente de superviser comme le chef d’une entreprise établie.

Etre entrepreneur c’est rechercher le risque plutôt que de le fuir. Un entrepreneur se distingue par la recherche du risque et par sa capacité à la maitriser. Il sait que  la prise de risque est le seul vecteur d’opportunité. Sa mission consiste à le maitriser pour en obtenir le meilleur. C’est ce qui le distingue du dirigeant plus traditionnel  qui cherche à  annihiler le risque en le sur-assurant ou en l’évitant.

Etre entrepreneur est un Mouvement plutôt qu’un Statut. Entrepreneur n’est pas un statut comme Docteur, Professeur, Administrateur. L’entrepreneur n’est nommé par personne, il n’a besoin d’aucun diplôme, d’aucune appartenance.  A l’inverse du statut, il est un mouvement, une attitude, une dynamique, toujours en recherche.  On peut être entrepreneur un temps de sa vie et ne plus l’être un autre tout en restant dirigeant d’une entreprise.

Etre entrepreneur c’est faire partager son projet avec le projet de partager. Il n’y a pas d’entrepreneur sans Hommes autour de lui. Le fait de partager un projet avec d’autres qu’il entraîne est inhérent à l’entrepreneur. Un entrepreneur ne porte jamais un projet constitué de seuls capitaux, sinon il est investisseur.

C’est pour toutes ces raisons que l’opinion publique aime les entrepreneurs car elle perçoit clairement que l’entrepreneur est transcendé par le projet qu’il porte.  C’est pour cela qu’il profite au système et ne profite pas du système.

Il est aimé car chacun sait qu’il faut du courage et de l’énergie pour vivre ainsi, mais aussi car chacun sait que rien ne l’empêche de devenir entrepreneur à son tour.

Ce que l’opinion publique ignore encore c’est que les « patrons » tels qu’elle les imagine n’existent plus vraiment et que la grande majorité d’entre nous sommes de véritables « entrepreneurs » mus par un véritable esprit d’entreprise.

Gageons que cette réalité finira par s’imposer si chacun d’entre nous s’engage à rechercher le risque plutôt qu’à le fuir et à rester bien ancré au centre de nos entreprises pour en sentir battre le cœur.